Aller au contenu principal

Maison des champs, Pierre Corneille

 

Histoire

Lorsqu’en 1639 Pierre Corneille reçut en héritage à la mort de son père la « maison manante » de Petit-Couronne, la propriété était déjà depuis un demi-siècle dans sa famille. Elle avait en effet appartenu à son arrière-grand-oncle Pierre Houel, Sieur du Vaudetot, et avait écrit en héritage à Pierre Houel, Sieur de Valleville, frère de sa grand-mère.

C’est pour sortir d’une situation familiale compliquée que, Pierre Corneille, le père, maître des Eaux et Forêts, acquit le 7 juin 1608 :

« une masure lieu et héritage ainsi bastis d’une maison manante, grange, estables et fournil, contenant une acre ou environ, cloze de mur et plantée qu’elle est, assise en la Paroisse du Petit Couronne ladite masure ainsi qu’elle se pourporte bornée d’un costé les hoirs Perain Fringot, d’aultre costé la mare, d’un bout en pointe la rue et d’autre bout l’entrée de ladite mare ».

A cela s’ajoutaient 19 pièce de terre d’une superficie totale de 42 acres 2 vergées, c’est-à-dire près de 25 ha. L’acte passé devant le tabellionage de Rouen ne comporte pas moins de 8 pages.

En mars 1639, la maison appartient au poète. Il y vécut, puisque sa sœur Marie, en 1623 puis sa fille, Marie, en 1646 et 1648 ont été marraines d’enfants du village, ce qui indique des relations proches avec les habitants.

En 1662, le poète quitte Rouen pour aller vivre à Paris. Sa fille Marguerite, elle, reste dans un couvent des Dominicaines de la ville. Pour lui constituer une dot lors de sa prise d’habit en 1668, Corneille loue à un fermier la propriété de Petit Couronne, et verse au couvent l’intégralité du prix de la location : 300 livres par an.

C’est le fils du poète, nommé Pierre également, qui vendra le domaine à Jacques Voisin, Sieur de Neufbosc, le 28 décembre 1686, deux ans après la mort de Corneille.

Avant 1700, la « ferme » fut rachetée par le Seigneur de Franqueville et resta dans sa famille jusqu’à la Révolution Française.
Mise aux enchères comme bien national en 1794, elle fut acquise par un descendant du fermier des Corneille : François Guéroult.

Grâce à cette continuité le souvenir des Corneille se maintint à Petit-Couronne jusqu’à ce que en 1836, un membre de l’Académie de Rouen et l’archiviste du Département de la Seine-Inférieure, en fassent la redécouverte.

C’est en 1874 que le Département acquit la propriété pour y installer un musée cornélien.
Depuis le 1er janvier 2016, l'établissement est transféré à la Métropole Rouen Normandie.

 

Pierre Corneille


Aîné des six enfants d’une famille aisée de magistrats rouennais, Pierre Corneille entame en 1628 une carrière d’avocat. En 1629, un chagrin amoureux le conduit à écrire ses premiers vers, puis sa première comédie, Mélite. Avec les pièces qui suivront : Clitandre, La Veuve, La Galerie du Palais, La Suivante, La Place Royale, Médée et L’Illusion comique, apparaît un nouveau style de théâtre où les sentiments tragiques sont mis en scène pour la première fois dans un univers plausible, celui de la société contemporaine.
En 1641, il épouse Marie Lampérière dont il aura 6 enfants.


Corneille, auteur officiel nommé par Richelieu, rompt avec ce statut de poète du régime et avec la politique contestée du Cardinal pour écrire des pièces exaltant la haute noblesse (Le Cid, oeuvre aujourd’hui universellement connue), rappelant que les hommes politiques ne sont pas au-dessus des lois (Horace), ou montrant un monarque cherchant à reprendre le pouvoir autrement que par des représailles (Cinna).


En 1647 il est élu à l’Académie Française au fauteuil 14 qu’occupera son frère et complice Thomas après sa mort.


De 1643 à 1651, après la mort de Richelieu, et durant la période de la Fronde, la crise d’identité que traverse la France se retrouve dans l’oeuvre de Corneille : il règle ses comptes avec Richelieu dans La Mort de Pompée, donne une tragédie de la guerre civile avec Rodogune et développe le thème du roi caché dans Héraclius, Don Sanche et Andromède, s’interrogeant sur la nature même du roi, subordonné aux vicissitudes de l’Histoire, en lui faisant ainsi gagner en humanité.


À partir de 1650, ses pièces connaissent un succès moindre, et il cesse d’écrire pendant plusieurs années après l’échec de Pertharite. L’étoile montante du théâtre français est alors Jean Racine dont les intrigues misent plus sur le sentiment et apparaissent moins héroïques et plus humaines. Le vieux poète ne se résigne pas et renoue avec la scène avec la tragédie Oedipe.


Corneille continue à innover en matière de théâtre jusqu’à la fin de sa vie, en montant ce qu’il appelle une « pièce à machines », c’est-à-dire privilégiant la mise en scène et les « effets spéciaux » (La Toison d’or), et en s’essayant au théâtre musical (Agésilas, Psyché). Il aborde aussi le thème du renoncement, à travers l’incompatibilité de la charge royale avec le droit au bonheur (Sertorius, Suréna). La comparaison avec Racine avait tourné à son désavantage lorsque les deux auteurs avaient produit, presque simultanément, sur le même sujet, Bérénice (Racine) et Tite et Bérénice (Corneille).

Corneille meurt à Paris le 1er octobre 1684.

 

© SFD